L'intention de la série "correspondances" (2019-2024) est de créer un dialogue avec les travaux de nos grand-mères et arrières-grands-mères. Issus de la proposition industrielle de leur époque, les canevas représentent une métonymie du XXème siècle. L'appropriation contemporaine se fait par le travail de la coupure qui permet la réinterprétation ainsi que la métaphore.

En utilisant le travail laborieux de femmes, c'est à la fois une démarche d'en garder la trace et de se placer dans un monde contemporain qui est indubitablement différent de celui du siècle dernier.

Ainsi, dans cette série, Christelle Rodrigues utilise des pièces de couture issues de grosses toiles servant de support pour les tapisseries à l'aiguille. A partir de pièces d'origines variées, dont des canevas des années 1950 aux années 2000, elle façonne des sculptures qui racontent une histoire. Une chaise d'enfant, des masques africains, une malle de voyage, des valises ou autres objets anciens sont enveloppés dans la toile permettant la liaison des images et de la création d'histoires singulières véhiculant des souvenirs et des émotions. Le réseau des significations est riche. Le regardeur tisse sa propre interprétation grâce à l'impulsion donnée par les morceaux épars liés par la coupure-couture.

Chaque objet créé a sa vie propre. Cependant, associés en saynète, les éléments racontent une histoire qui n’existerait pas par leur individualité propre. La composition fait rentrer le spectateur dans une scène collective expressive. Un dialogue avec des tissus d'autres contrées peuvent entrer dans les saynètes.